jeudi 24 juillet 2008

Episode 43 : Mulot : Land Drive

Mulot en bon petit soldat avait suivi le reste de ses collègues lorsque ceux ci étaient partis précipitamment.
Il n'était pas de la race des décideurs, mais ça lui convenait parfaitement, le suiveur jouissant de privilège qui ne semblait être que des atouts à ses yeux : personne ne lui demande rien, il passe inaperçu, et les autres passent leur temps à réfléchir pour vous, et bien d'autres choses qui laissaient à Mulot le temps de s'adonner à son loisir préféré, la chaparde.

Il aimait bien les homicides, surtout les plus violents, tout le monde s'affaire autour des corps, furètent à droite à gauche à la recherche d'indices.
C'était pour lui un boulot de rêve, sous prétexte d'une collecte de preuves, d'une perquisition, ou de n'importe quoi d'autres, du moment que la Loi le jugeait nécessaire on vous autorisait, voir mieux, on vous obligeait à aller mettre votre nez dans les affaires des autres.
La fouille était plus qu'un devoir pour Mulot, c'était une seconde nature, une manie élevée au rang de besoin vitale.
Tout le monde s'accordait à le dire, nulle cachette n'est assez sûr lorsqu'il se trouve dans les parages.
C'est vrai qu'il avait le chic pour mettre la main sur les éléments cruciaux d'une enquête, mais il faut dire que ses mains finissaient toujours par tomber sur tout ce qui pouvaient avoir une valeur quelconque un jour pour quelqu'un, les preuves faisaient juste partie du lot.

Il avait remarqué que plus les morts étaient violentes et sanglantes, moins les proches remarquaient les quelques objets qui finissaient inexorablement par disparaître dans ses poches.
Au pire, il était facile de coller ces larcins sur le dos du meurtrier.
Parfois lorsque les objets de ses convoitises étaient trop encombrants, ils s'arrangeaient donc pour les faire embarquer comme pièces à conviction.
Ensuite il était facile de les récupérer dans les locaux de stockage.
C'est faut comme on égare des choses dans ces endroits là ...
Mais il éprouvait un peu de honte lorsqu'il utilisait cette méthode, car pour lui rien ne valait la sensation que procurait le fait d'avoir l'objet dans ses mains lors d'un larcin.

En tout cas la pêche du jour s'annonçait très bonne par avance, car s'était chez Sal Valentin où la troupe l'avait conduit. Et vu le goût du luxe de la fripouille, il allait s'en mettre plein les poches, dans le sens littéral de l'expression.

Il avait commencé par la cuisine, car c'est la que Sal devait passer le plus clair de son temps, il en profitait pour "goûter" tout ce qui passait à sa porter et qui avait une odeur appétissante, une texture alléchante, ou tout simplement une couleur marrante.
Il s'était fait rappeler à l'ordre alors qu'il finissait son troisième pot de confiture en se léchant les doigts, apparemment le responsable de l'enquête n'avait pas vraiment cru qu'il fouillait le fond des pots pour voir si rien n'y était caché.

C'est donc surveillé de prêt qu'il continua son inspection, ce qui ne l'empêchait pas de mettre de coté quelques babioles en or fin ou recouverte de pierre précieuses.
Et c'est dans la chambre de Sal qu'il fit sa trouvaille la plus intéressante, elle se trouvait dans un coffre caché sous des dalles de parquet près du lit.
Quelque chose qui aurait pu paraître anodin aux yeux de n'importe qui d'autres, mais qui fit froid dans le dos du sergent.
Il s'agissait d'une liste de noms, pas n'importe quelle liste car son nom figurait dessus avec ceux de Bergère et Valentin.
Mais ce n'était pas tout, bien qu'il ne connaissait pas la plupart des noms précédents le sien, ils lui semblaient étrangement familiers.
Il s'accapara liste en toute discrétion, cherchant intérieurement où il avait pu lire ces noms.
Et lorsqu'il s'en souvenu, il devient blême et s'enfuit en toute hâte au grand étonnement de ses collègues. C'était bien la première fois que Mulot prenait des initiatives, surtout une dans le piquer une caisse de flic à leur nez et à leur barbe.
Ils furent tellement surpris que le temps de réagir, Mulot était déjà hors de leur vue.

Mais certaines personnes n'avaient pas été totalement prises au dépourvu, et elles suivaient le Sergent à bonne distance dans leur berline noire. Attendant tel le prédateur que la proie vienne se loger sous ses griffes.
Malheureusement pour eux, Mulot était sur ses gardes depuis qu'il avait compris.
Compris que tous les noms qui lui disaient vaguement quelques choses, ils les avaient lu dans des rapports récents de morts suspectes.
Et vu la voiture qui le suivait, il ne faisait pas de doute pour lui qu'il était l'une des prochaines victimes.

C'est pourquoi il se dirigeait vers une de ses planques hors de la ville, il savait comment faire disparaître tout et n'importe quoi de la vue des convoitises, lui y compris.
Il ne prit pas le temps d'ouvrir la porte de la grange vers laquelle il se dirigeait, il se contenta de foncer dedans, se servant de sa voiture comme bélier pour pousser les deux battants de la grande porte en bois.

Il savait qu'un jour ses penchants le rattraperait, c'est pourquoi il avait préparé le nécessaire pour se volatiliser : un avion avec à son bord des papiers de toutes sortent et assez de liquidités pour subvenir à ses besoin un bon moment.
Il grimpa à l'intérieur à toute allure, et démarra le moteur du Cessna.

Le temps lui manquait, ses poursuivants n'étaient pas loin, il fallait réussir à sortir du hangar avant qu'ils ne bloquent le passage.
Il s'en fallu de peu, mais l'avion passa dans un mouchoir de poche, frôlant la berline qui pilla pour éviter le choc.
Malgré cela les deux hommes en costume, ne parurent pas perturber lorsqu'ils sortirent de la voiture pour voir l'engin décoller.
Et pour cause, malgré le bruit du moteur, Mulot ne tarda pas à entendre vaguement le son caractéristiques des pales d'un hélicoptère.
Quelques secondes après il entendit un bruit sourd accompagné d'un choc qui secoua toute la carlingue, il n'avait plu à contrôler l'appareil, et c'était bien la première fois que Mulot se retrouvait dans l'incapacité de voler.

Tout en voyant le sol se rapprocher impitoyablement, la vie de Mulot défila dans sa tête, il repensa à toutes ses acquisitions qu'il ne pourrait emporter avec lui dans l'au-delà.
Et cette pensée lui était insupportable.

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