jeudi 31 janvier 2008

Episode 23 : Il pleure, il pleure Bergère

J'avais peut être fait une énorme connerie de rester, mais la demi-heure que la basse-cour m'avait laissé avant de débarquer, m'avait quand même permis d'inspecter les lieux du crime.
J'aurais bien emporté quelques preuves, d'ailleurs elles n'auraient manqués à personne, et sûrement pas aux clanpins qui allaient s'occuper de l'affaire, mais je me suis dit que c'était encore un coup à me retrouver au frigo le temps qu'ils comprennent que je n'y suis pour rien.

Malgré la violence du geste le boulot avait été fait proprement, enfin si l'on excepte la mise en scène avec les tripes et le sang. Bergère devait déjà être mort avant que le tueur se décide à contempler sa beauté intérieure. D'ailleurs pourquoi lui avoir ouvert le bide comme un cochon façon tirelire, si il cherchait ses économies il aurait mieux fait de canifer le matelas.
On lui avait vidé l'estomac, et j'étais sur le point d'en faire autant.
Admettons que Bergère est avalé quelque chose de travers, je doute que la manoeuvre de Heimlich préconise l'utilisation d'objets tranchant.
Puis tout ce sang, ce n'était pas naturel, il avait selon toute vraisemblance été éparpillé pour couvrir quelque chose, et je constatais qu'il avait bien fait son office.

Ses clés traînaient dans la mare de sang, elles semblaient bien éloignés du corps pour être tombées là par hasard, j'y reconnaissais vaguement l'emblème du Blue Beard rougit d'hémoglobine accroché à l'anneau qui le maintenait ensemble.
Outre la paperasse, j'avais remarqué une chaîne près du lit, le genre de chaîne que l'on accroche à son cou, et elle semblait avoir été arraché au vu du fermoir.

Je n'eut pas eu le temps d'inspecter plus en détail lorsque des bruits d'une foule au pas de courses se fit entendre dans les escaliers. La bleusaille s'était vite ramener pour une fois.

" Daddybear, je m'étais toujours d'y qu'un jour où l'autre je retrouverais ton cadavre dans un endroit comme celui là, faut croire que j'arrive trop tot tu m'as l'air encore frais pour un macchabée. "

Ca c'était la douce voix du Commissaire Divisionnaire Fromell, elle était aussi suave qu'une pelleteuse creusant la terre et claquait comme le couvercle d'un cercueil. Je dois dire qu'il ne me portait pas vraiment dans son coeur, faut dire qu'il n'y laissait pas beaucoup de place pour une autre personne que lui. Si l'on pouvait s'étouffer d'orgueil, Fromell serait devenu bleu depuis un bail.
Il était mon supérieur lorsque je m'étais égaré chez les flics, et il avait tout fait pour que je retrouve mon chemin. A vrai dire je lui devais peut être une fière chandelle de m'avoir fait viré.
Quoiqu'il en soit Regis Fromell, n'avait pas obtenu sa place par hasard. Il était bon, peut être pas autant que moi, mais il se défendait plutôt bien comparé à la masse de nullard et d'opportunistes qui avaient échoué à des postes semblables.
Je ne regrette vraiment pas de ne pas avoir obtenu cette promotion, car quitte à devoir cirer les pompes, autant le faire sur la grande place, là au moins ça aurait été plus gratifiant, et sûrement mieux payer.

" Commissaire " le saluais-je en soulevant le bord de mon chapeau.

" Je suis presque rassuré de vous voir ! Car ça signifie que quelqu'un prends le cas Bergère au sérieux ! Malheureusement pour lui c'est un peu tard comme vous pouvez le constater "

La fine équipe mené par Fromell commençait déjà à investir les lieux et à relever les indices. Ce dernier restait prêt de moi, cherchant un moyen d'entamer l'interrogatoire de manière courtoise.

" Daddybear, je suppose que tu ne serais pas assez stupide pour rester dans le coin si t'étais mêlé à tout ça ! "

Je lui souris et répondis avec la plus grande amabilité.

" Tu pense bien ! J'ai fait gaffe de ne toucher à rien pour que tu n'aies pas une excuse pour me coffrer "

" Alors qu'est ce que tu fout là ? "

Je redoutais cette question, je devais en déballer assez pour satisfaire ce croquemort, mais pas trop pour ne pas risquer de me voir mettre sur la touche. Et ce lascar était balèze lorsqu'il s'agissait de faire parler les morts. Alors je décidais de me mettre à table en me laissant une marche de manoeuvre.

" Tu dois être au courant de mon altercation avec les fédés ! Donc tu dois savoir que je cherchais Bergère pour mes affaires bien que les costards cravates me l'ai interdit. Je doute que je revois la personne qui m'a engagé pour le retrouver car depuis je sais qu'elle n'est pas celle qu'elle prétendait. Je voulais trouver Bergère pour lui faire part de mes découvertes, enfin je ne peux pas dire que je sais grand chose, plutôt que beaucoup de personnes cherchaient à lui faire refaire surface, mais d'autres préféraient le voir enfoncer dans la vase. Et à première vue les seconds ont gagnés. Ce n’est pas que je tenais tant que ça à m'enfoncer plus dans cette histoire, mais j'étais déjà au milieu en train de subir le feu des deux camps. Je cherchais juste à obtenir des rencards à la source. "

Fromell écoutait dans un silence de mort mes propos. Je lui recommandais d'interroger Vera / Leopold Gaultier, qui en savait sûrement bien plus que moi. Mais l'oiseau s'était envolé très vite, sûrement par peur d'être la prochaine proie du chasseur.
Quand il recommença à parler, à moitié pensif, le commissaire me suggéra de repasser ce soir au commissariat, afin de parler " au calme ".
Fromell n'était pas du genre à me faire des fleurs, ça aurait du m'inquiéter, mais à vrai dire le simple fait qu'il veuille s'entretenir avec moi au sujet de l'affaire me faisait froid dans le dos.
Selon toute probabilités, il en savait plus que moi, et sa soudaine sympathie me laissait croire, que j'étais dans une merde bien plus noire que je le pensais.

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