jeudi 6 décembre 2007

Episode 16 : Attaches à taches, quand tu nous tiens

Une brusque sensation de froideur et d'humidité me tira du coltard, il faut dire que je venais de me prendre une bassine de flotte à la gueule, enfin j'espèrerais que c'était bien de la flotte, faut s'attendre à tout avec le genre de tordu qui vous font ça.
Malgré tout j'étais toujours un peu dans le cirage, c'est le genre de truc assez fréquent lorsque l'on vous malmène l'arrière du crâne avec un grand coup. Et il pouvait bien me déverser l'Hoover Dam sur le coin de la tronche, ça ne m'aurait pas aidé à retrouver mes esprits plus vite.

Enfin ça ne m'empêchait pas de reconnaître la gêne caractéristique qui maintenait mes mains derrière mon dos. Ce n'est pas que j'ai été menotté très souvent, mais c'est le genre de chose que l'on oublie pas, surtout lorsque c'est au lit avec une charmante créature, avant qu'elle ne se barre en vous tirant votre larfeuille et en vous laissant comme un con à la merci du premier salopard de photographe venu.
Si Blacker savait ça ... merde j'espère qu'il ne le sait pas ... C'est Blacker, obligé qu'il le sait, je suis foutu !

J'avais d'autre chat à fouetter dans l'immédiat pour me soucier de ça. Je jetais un oeil autour, pas de trace de Bergère, mais deux types en costard qui examinait ce qui se trouvait quelque temps plus tôt dans mes poches.
Le temps, je me demandais bien combien de temps j'étais resté sonné, à juger par la nuit tombante dehors, j'aurais dit une heure, peut être moins. Et la nuit promettait d'être longue.
Dans ce genre de situation il vaut toujours mieux faire profil bas, mais j'ai toujours eu du mal à fermer ma gueule, c'est bien pour ça que les flics n'ont pas voulu me garder, je ne fermais pas les yeux sur les bons trucs.
J'allais me risquer à une petite remarque quand la porte de la chambre s'ouvrit, encore un costard cravate, mais celui là avait les tempes grisonnantes qui lui donnait un air de chef, enfin ça venait peut être aussi du fait que les deux autres trouduc s'était mis au garde à vous.

Dans mon métier faut mieux apprendre à se faire une idée des gens en un seul coup d'oeil, et mon instinct me disait que ce mec ci n'était pas un tendre, pas le genre à avoir le sens de l'humour.
Mais on ne se refait pas.

" Ha enfin !!! J'avais commandé un pain chaud " lançais-je au nouvel arrivant, avant de me prendre une droite bien lourde en pleine poire.
" Y a pas à dire, le service d'étage laisse à désirer " concluais-je en crachant par terre.

Le gradé se planta devant moi, l'air hautain " alors comme ça on veut faire le mariole ? On aime plaisanter ? Mais moi aussi j'aime rire, et je sens que bientôt je vais me fendre la tronche, enfin bien moins que la tienne ! "

Il se retourna vers les deux guignols, et leur demanda ce qu'ils avaient trouvés. Selon leur dire pas grand chose, des papiers, des clopes, un briquet, une paire de gant rien de bien répréhensible en somme.

" Je crois que l'on a affaire à un malin les gars, à un mec de la vieille école " dit il en rigolant.
Puis il approcha son visage de moi, son haleine était la pire des tortures que je pouvais subir, je l'aurais supplier de me frapper pour pouvoir éloigné sa tête le plus loin possible de la mienne.

" Tu pensais quand même pas me berner si facilement ? Je vois clair dans ton jeu ! Tu comptais zigouiller Bergère à mains nues ? Comme ça avec tes gants, pas d'empreintes ! T’es du genre vicelard toi ! T’aime voir tes victimes dans le blanc des yeux je pari ! Ouais je ne m’y trompe jamais, je sais reconnaître un sociopathe dès que je le vois. Et toi tu as vraiment l'air d'en vouloir à la Terre entière. Aller vas y dis moi pour qui tu bosse, qui t'as envoyé tuer Bergère ? Parle ! Qui ? "

Il me disait de parler, mais il ne me laissait pas vraiment l'occasion de l'ouvrir pour dire plus d'un mot

" l'oignon " dis-je rapidement

il enchaîna aussitôt : " l'oignon, l'oignon, je n'en ai pas entendu parler, c'est le surnom d'un des hommes de Marconi, je suppose, vas y parle qui c'est cet oignon ? "

Je me redressais sur mon siège comme je pouvais et continuais mon show.
" je me disais juste que vous aviez du manger pas mal d'oignon au dîner, et comme lui vous en tenez plus d'une couche ... "
C'était peut être la phrase de trop, car le coup qui suivi me fit décoller les miches du siège.

" Ce que je veux dire, c'est qu'il y a mal donne, je suis pas un porte-flingue, mais un privé, j'ai été engagé pour retrouver Maurice Bergère, pas pour le liquider. "

" Et tu pense que je vais te croire sur parole " me postillonna t il au visage.

Je lui rétorquais qu'il n'avait qu'à demander à la femme de ce dernier, c'était elle après tout qui m'avait payé une petite fortune pour lui mettre la main dessus ainsi qu'à sa maîtresse.
Mais mon tortionnaire m'appris que la vieille rombière de Bergère avait cassé sa pipe il y a plus de six mois.
Et c'est bien la première fois que je regrettais de ne pas avoir lu les pages mondaines de mon canard plutôt que celles de sport, car si je l'avais fait, je ne serais pas dans cette merde aujourd'hui.

Aucun commentaire: