jeudi 11 octobre 2007

Episode 9 : Docteur ?

Le bus me déposa à quelques encablures du musée. Et tout comme les maisons clauses ce n'était pas le genre d'endroit que je fréquentais par plaisir.
Pour moi, cet endroit où l'on entassait des vieilleries d'un autre temps me faisait un peu penser à un cimetière d'objets.
Le Panthéon des babioles illustres, quand ce n'était pas le cadavre de leur tout aussi illustre propriétaire d'origine qui y était exposé dans une vitrine.
Ce triste spectacle m'était aussi macabre qu'une collection "trophée" qu'un chasseur peut épingler à son mur.
Je n'aimais pas les chasseurs, des gars qui flingue par plaisir même chez les tueurs on en trouve peu, enfin à part ceux qui ont le marc collé au fond de la cafetière.
Et dans mon coeur les conservateurs de musée ne valaient pas mieux, surtout pas celui que je risquais de croiser en venant ici.
Celui ci en plus ne m'aimait pas vraiment non plus, et c'était sûrement sa seule qualité.

J'arpentais les étalages infâmes sans trop les regarder, je me dirigeais machinalement vers la remise, là où il conservait les pièces non exposées.
Je connaissais les lieux, Debra m'y avait entraîné plus d'une fois, faut dire que le sceptre de la fertilité ou autre vase de la fécondité, lui donnait pas mal d'idées, enfin pas autant que les gravures et tapisseries passablement érotiques dans leur contenu pour le moins explicite.
Je dois dire que la sécurité laissait vraiment à désirer, on entrait comme dans un moulin et personne ne vous empêchait d'aller où bon vous semble, c'était bien là la marque de Won.

Je n'eus pas trop de mal à trouver les caisses à moitié déballées, je m'amusais en lisant l'étiquette d'expédition de celles ci : Musée de Old Swamp City - Oliver Won.

" Daddybear, chaque fois que vous m'honorez de votre présence, mon estomac se retourne, ce doit être l'odeur infecte d'ivrogne de bas étages que vous traînez derrière vous qui en est la cause. "

Quand on parle du diable, on en voit la queue comme l'on dit, mais ce diable là vous accueillait généralement avec les piques de sa langue fourchue.
Je me retournais vers lui par politesse, car c'était au moins une chose dont je pouvais me vanter d'avoir de plus que lui. Et le salua à ma manière.

" Moi qui croyait que vous ne pouviez pas me sentir, je m'étais trompé, votre odorat développé à remarquer l'odeur de l'incident qui m'est survenue plus tôt, je dois dire que je ne pensais pas qu'elle se distinguerait parmi la puanteur qui vous entoure habituellement ! "

J'étais fier de ma réplique à cet homme qui avait toujours eu l'habitude de me prendre de haut à défaut de pouvoir me pendre haut et court.
Il faut dire que ma relation avec sa fille ne m'avait pas assuré une place dans son coeur, et mon mariage avec elle encore moins. Pas plus que notre divorce, c'était peut-être même ce qui avait le plus envenimé nos rapports.
Et le fait d'avoir léguer mon patronyme à son petit fils y était sûrement pour quelque chose dans l'équation de sa haine envers moi.
Enfin je savais à quoi m'attendre en venant ici.

" Je suppose que c'est à cause de Debra que vous êtes là ! Ce n'était vraiment pas la peine de vous déplacer, je peux régler ça par moi même "

C'était typique du bonhomme, il n'acceptait aucune aide de personne, et surtout pas d'une personne comme moi. D'autant plus si ces petites affaires n'étaient pas très claires, mais ça ce n'était pas mon problème. Et avec la journée que je venais de passer, je n'étais vraiment plus d'humeur à parlementer et à faire des jeux d'esprit.

" Écoutez mon vieux, vous pensez peut-être pouvoir vous débrouiller tout seul, mais ce n'est visiblement pas l'avis de Debra, sinon elle ne serait pas venue me chercher. Alors va falloir faire avec ! Et si ça ne vous plaît pas, c'est la même chose ! "

J'allais devoir collaborer avec lui, sur ce point je n'avais aucun doute, et cette perspective ne m'enchantait guère, mais cela allait sûrement me permettre d'avancer un peu.

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