jeudi 17 avril 2008

Episode 34 : La passe de mots

J'essayais de suivre comme je pouvais les frères Obi, qui gambadaient joyeusement à travers un tas de ruelles aussi petites qu'encombrées.
Secrètement j'espérais qu'ils savaient où ils allaient car pour ma part il y avait un bon moment que mon sens de l'orientation avait décroché.

Au bout d'un moment ils décidèrent enfin de s'arrêter de courir, et moi j'en profitais pour avaler un grand bol d'air et recracher mes poumons.
Ces mecs étaient montés sur ressorts ma parole, pour peu j'aurais eu l'impression qu'ils essayaient de me semer.

" Vous allez bien monsieur Daddybear " s'inquiéta Ken tandis que son frère Wan frappait à une petite porte derrière un bâtiment massif.

" Impec' mec, au poil, je me suis jamais senti aussi vivant " lui répondis-je, et pour cause mon corps me faisait tellement mal de partout qu'il n'y avait aucun risque que je sois mort.

Un petit soupirail métallique s'ouvrit dans la porte. Wan s'approcha encore plus et murmura à celui qui venait de l'ouvrir.
" Quand l'hirondelle s'envole vers l'horizon, le vent lui souffle dans les ailes et dissipe les nuages sur son chemin ... "

Il s'arrêta un moment puis une voix lui répondit : " Mais si le vent suis l'hirondelle alors le serpent se terrera sous les feuilles "

Wan se redressant fièrement conclu dans une posture mélodramatique : " Sauf si le souffle du grand dragon balaye les feuilles pour que la mangouste déniche le serpent "

Il y eu un silence, puis un bruit de verrou et enfin un léger grincement de gonds qui indiquait l'ouverture de la porte.
J'interrogeais Ken du regard, et ce dernier le renvoya à Wan qui se tourna vers moi pour me répondre un simple : " mesure de sécurité "
Y a pas à dire leur truc de mots de passe ça en jetait pour celui qui était là en touriste, mais on ne m'enlèvera pas l'idée de la tête qu'un " salut, c'est nous ! " aurait tout aussi bien fait l'affaire.

Je pénétrais par la porte de derrière encadré par les deux frangins, et on nous dirigea à travers un dédale de couloirs et de pièces à l'allure très exotique jusqu'à un grand hall couvert de grandes plaques de pailles.
Un petit vieux, à la barbe aussi longue que son crâne était dégarni, se tenait sur estrade. Enfin du moins se maintenait en équilibre courbé sur sa canne, Et vu son teint verdâtre, sa place était plutôt dans un lit, si ce n'est un cercueil tant il semblait âgé et malade.
Les deux frères firent une courbette très prononcé puis se redressèrent en regardant toujours leur pied, comme deux gamins qui viennent de se faire chiper par leur grand-mère la main dans le bocal à cookies.
C'est Wan qui s'excusa le premier, comme toujours c'était lui la voix du duo.

" Konchû sensei, voici l'homme que vous nous aviez demandé de protéger. Je sais que nous n'aurions pas du l'amener ici, mais les enfants de la terre allaient le capturer, alors j'ai pensé qu'il serait plus sage de l'amener ici, surtout que nous avons déjà faillit le perdre aujourd'hui. "

Le vieux sage ne broncha pas et leur donna l'absolution.

" La bonne décision tu as pris, jeune Wan-Pada, regrettable de le perdre il aurait été "

Puis il me scruta des pieds à la tête et repris à mon intention.

" Ainsi enfin nous nous rencontrons, Daddybear San, le loup déguisé en mouton en vous je vois, je ne m'étais pas trompé. Bien fait nous avons eu de par deux fois vous sauvez "

J'essayais de décoder ce que le vioque me baragouinait, il me semble qu'il avait dit qu'ils m'avaient sauvez deux fois. Je m'hasardais :

" Vous voulez dire qu'au port c'était déjà vous ? "

C'est le petit Wan qui me répondit : " Nous sommes désolé, nous avons manquer de vigilance à force de trop travailler notre discrétion, nous aurions du intervenir plus tôt. "

Je le rassurais d'emblée : " Y a pas de mal, je suis vivant, ce qui n'aurait pas été le cas si vous n'aviez pas été là "

Puis je me retournais vers leur chef spirituel : " je ne veux pas vous paraître impoli, surtout que visiblement mes miches vous en doivent beaucoup, mais pourquoi vous me surveiller, et puis d'abord qui vous êtes bordel ? "

Le vieux resta impassible sur sa canne : " Beaucoup à nous dire nous avons "

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