La Gazette n'avait pas attendu avant de filer à tout vitesse, il ne tenait pas à se retrouver dans la rubrique nécrologique du journal du lendemain.
Surtout que d'habitude c'était plutôt lui qui apportait les nouvelles, et il n'avait vraiment pas envie de se retrouver à la une du jour.
Il se doutait bien que son uniforme de représentant de l'ordre n'allait pas l'aider à se fondre dans la masse, il devait impérativement se changer et trouver un habit plus discret. Après il n'aurait plus qu'à laisser sa nature faire son œuvre, son don pour passer inaperçu qui lui avait tant de fois rendu service.
Il réfléchissait à toute allure examinant les possibilités qui lui restaient, où se trouver une tenue de rechange ? Où se rendre ? Chercher de l'aide ? Auprès de qui ?
Toutes ses questions s'entrechoquaient dans sa tête cherchant à se démarquer pour qu'il leur accorde une réponse.
La Gazette n'était pas à proprement parler un décideur, mais pas franchement un suiveur non plus. Néanmoins il jouissait d'une certaine réputation au commissariat, tous le considéraient comme un fin stratège et venaient couramment le solliciter lorsqu'ils avaient besoin de conseil.
Une embuscade à tendre ! Le Sergent Taylor savait toujours où la placer.
Un débarquement d’objets de contrebandes ! Le Sergent Taylor déterminait avec aisance sur quel dock il fallait se rendre.
Un trafic de Drogues ! Vous n’aviez qu’à demander à Taylor et il vous pointera sur une carte les possibilités de planque.
Bref Taylor était un peu le Kasparov de la brigade, aucun ordinateur ne pouvait égaler son esprit de déduction.
Enfin c’est ce que tout le monde pensait de lui, tout le monde sauf son ex-capitaine, Ronan avait bien compris que Taylor ne déduisait rien.
Si il était capable de tomber juste à chaque fois, c’est parce qu’il savait où la contrebande débarquait ou bien le trajet emprunter par des gangsters tout comme les lieux où se faisait les trafics en tout genre.
Il le savait car on lui disait tout, Taylor était pire qu’un psy ou qu’une concierge voir même d’un coiffeur, c’était le genre de gars qui se plantait à coté de vous et sans que vous vous en rendiez compte, vous lui balanciez tout ce que vous saviez sur n’importe quoi. Puis lorsqu’il repartait vous en oubliez même sa présence quelques secondes auparavant et la conversation que vous aviez eue.
Bon nombre de truands cherche encore le mouchard qui les a balancé sans avoir compris qu’ils s’étaient trahis eux même auprès de Taylor.
C’est pour cela que le capitaine l’avait surnommé la gazette. Et bien qu’il ne l’avouait pas il aimait bien ce surnom. Il sera toujours reconnaissant envers le capitaine Daddybear pour avoir vu qui il était vraiment et lui avoir montrer comment utiliser ses dons pour être quelqu’un de meilleur et un bon policier.
Car contrairement à beaucoup de ces collègues, il aimait son métier, servir l’ordre et la justice, il se sentait utile à la société en aidant à la protéger.
La vocation policière était profondément encrée dans la famille Taylor depuis des générations.
Son grand-père avait quitté la sidérurgie, où l’organisation du travail était devenue trop contraignante, pour la police. Son père Charles après quelques essais philosophiques s’orienta lui aussi vers cette carrière. Même son frère la brebis galeuse de la famille, qui avait débuté dans le monde du commerce en tant que proxénète, avait fini par suivre les traces de son père en rejoignant la police scientifique après un bref séjour aux mœurs. Ses collègues se moquant toujours régulièrement de lui en le surnommant le maque Taylor.
Aux dernières nouvelles, il serait maintenant en charge d’un service complet à New York.
La Gazette ne tenait pas trop à impliquer sa famille dans tout cela, il devait trouver un appui autre part. Rentrer chez lui représentait un trop gros risque, on l’y attendait peut-être.
Et malgré tout son talent, il ne savait toujours pas où pouvait se trouver Ronan et ses deux collègues.
Il entra dans la première boutique venue et acheta de nouveaux vêtements, larguant dans la première poubelle venue son uniforme qui pourtant était toute sa fierté.
Mais ce qu’il pensait avoir découvert valait plus que sa fierté il en était certain maintenant.
Alors au détour d’une rue, il se fondit dans la foule.
Une ombre se dressa alors, le cherchant du regard, rageant de l’avoir perdu.
Dédicaces à Lanta le 14 avril
Il y a 5 ans